DiagnostiquePublié le 17.10.2024

Détecter les mutations liées aux cancers


Le cancer provoque des mutations dans l’ADN cellulaire. Déceler ces dernières dans le sang des patient·e·s permet de prescrire les traitements anticancéreux les plus adaptées et efficaces. Leur détection n’est toutefois possible que dans des centres spécialisés, ce qui s’avère long et coûteux. Pour y remédier, des scientifiques Pôle de recherche national (PRN) Matériaux Bio-Inspirés à l’Université de Fribourg ont développé des nanocapteurs permettant une détection plus économique et rapide de ces mutations.

L'altération du code génétique des cellules, l’ADN, est une étape essentielle de l'apparition et de la progression du cancer. Une biopsie liquide permet de déceler ces mutations dans le sang et dans les tissus ainsi que de fournir des informations sur le type de cancer, son degré de malignité et, surtout, sur sa sensibilité ou sa résistance à des médicaments anticancéreux spécifiques. Ces analyses nécessitent toutefois des équipements spécifiques et du personnel spécialisé, et elles ne peuvent être menées que dans des centres spécialisés, rendant la procédure coûteuse et chronophage.

Solution rapide et bon marché

Pour résoudre ce problème, le Dr. Samet Kocabey, chercheur à l’Université de Fribourg dans l'équipe du professeur Curzio Rüegg, a conçu des nanocapteurs capables de détecter des mutations du code génétique à de très faibles concentrations. « Ces capteurs génèrent alors un signal fluorescent qui peut facilement être traité par des appareils que l’on trouve dans la plupart des hôpitaux et des laboratoires de diagnostic, explique Samet Kocabey, l'analyse nécessite peu de travail pratique et peut être réalisée en une journée, contre 3 à 5 jours avec les méthodes actuelles, et à moindre coût !»

En simplifiant ainsi la détection de l'ADN/ARN muté, cela rend le diagnostique plus  accessible à un plus grand nombre de laboratoires sans qu'il soit nécessaire d'utiliser des équipements coûteux ou de faire appel à des centres spécialisés.  Ces capteurs peuvent aussi être utilisés pour détecter de l'ARN non muté, ce qui élargit leur application à la recherche biomédicale moléculaire. Finalement, ils peuvent ouvrir la voie au développement de tests cliniques rapides, simples et peu coûteux pour la détection de mutations cancéreuses. ce qui bénéficiera naturellement à un plus grand nombre de patient·e·s. 

Ce projet a été soutenu par le Pôle de recherche national (PRN) Matériaux Bio-Inspirés coordonné par l'Université de Fribourg. Sarah Cattin, responsable de l'installation d'analyse cellulaire, et Isabelle Gray, stagiaire du PRN, ont également contribué à l'étude.

Cette découverte fait l’objet d’un brevet de l'Université de Fribourg. Les résultats de la recherche ont été récemment publiée dans la revue scientifique Biosensors and Bioelectronics.

Référence :

Kocabey, S.; Cattin, S.; Gray, I.; Rüegg, C. Ultrasensitive Detection of Cancer-Associated Nucleic Acids and Mutations by Primer Exchange Reaction-Based Signal Amplification and Flow Cytometry. Biosensors and Bioelectronics 2025, 267, 116839. (accès libre)